Le principe de l'Agence Puzzle étant d'examiner tous les problèmes et de tenter d'y apporter une solution, une étude de marché et de faisabilité fut réalisée. Les conclusions de l'étude étaient claires : "Faire un journal gratuit à Sète est complètement suicidaire..." La décision fut donc prise de tenter le coup. Robert Garcia et Pierre Lasne associérent leurs efforts, s'adjoignirent les services de quelques bénévoles (Jean Louis Zardoni en tête) et surtout du fameux beau-père dessinateur génial, Francis Layrolle, dont les dessins à la Dubout apportaient à eux seuls un cachet unique et inimitable à la nouvelle revue. Anne Marie Lasne se chargea du côté administratif.
Le premier numéro du PSI sortit en Janvier 86. Il fut baptisé au "Bistrot des bains" et reçu même la bénédiction de l'adjointe au maire à l'animation de l'époque : Maguy Cavalier.
C'est un mensuel, gratuit, plein de pub, de pagnolades, d'histoires de "baraquettes" incompréhensibles pour un Montpelliérain, et distribué aux quatre coins de la ville dans tous les centres névralgiques. C'est un succès immédiat. Les annonceurs se bousculent. Les rédacteurs se marrent. On se paie la tête du maire, de l'opposition, de machin, de truc, tout le monde en prend. C'est une sorte de Canard Enchaîné local. Le ton caricatural, l'humour caustique et la dérision enchantent tous les sétois. Tous les sétois ? Non... Le Maire grince un peu des dents, et fait mine d'ignorer pour l'instant ce "torchon". Mais Yvounet comprendra très vite que ce mensuel devient rapidement un "mal" nécessaire à une certaine idée de la démocratie et de la liberté d'expression qu'il défend lui-même depuis toujours. Non, ce ne sont pas les Politiques locaux mis en boîte qui vont poser problème, ni même les notables brocardés, ce sont ceux qui n'auraient jamais dû émettre la moindre protestation : les "vrais" journalistes de la page locale d'un grand quotidien du midi, qui, après avoir saluéironiquement la naissance d'un nouveau confrère dans leurs colonnes, vont tout faire pour que ce "nouveau gratuit" disparaissent à partir du Deuxième numéro. En accusant par exemple le PSI d'être essentiellement rédactionnel et "gratuit" et donc déloyal et hors la loi selon la déontologie journalistique.
Très sincérement, ni Robert Garcia, ni Pierre Lasne ne pensaient à l'époque que les sétois paieraient pour se procurer leur magazine de potaches. Pour éviter un procès initié par les journalistes cités plus haut, il fut décidé de vendre le PSI et de le vendre au même prix que le Grand Quotidien du Midi. Gérard Limon, distributeur exclusif de la Presse à Sète accepta de distribuer le PSI. Et stupéfaction, le deuxième numéro, entre les ventes en kiosques et surtout les abonnés inscrits en masse, se vendit à plus de 2000 exemplaires !
Pour une ville de 35.000 habitants, vendre un journal à 2000 exemplaires, ça veut dire : 8000 lecteurs. Et 8000 lecteurs c'est quelque chose !
Pourtant, quelques mois plus tard, Robert Garcia quitta le journal pour devenir chef de cabinet de député socialiste, laissant le PSI, les abonnés, les dettes à Pierre Lasne... Qui, la colère passée décida de passer à la vitesse supérieure. Nouveau format, nouvelles rubriques, nouveau style, nouvel imprimeur, nouveaux collaborateurs, nouveaux dessinateurs et surtout toujours, fidèle, Francis Layrolle dont les dessins pérénisèrent l'esprit du journal satirique.